L’arrivée d’un bébé est un grand bouleversement dans la vie des parents. Il est très important de reconnaître qu’on ne passe pas d’adulte indépendant au statut de parent du jour au lendemain, et c’est tout à fait normal.
Parfois les émotions inconfortables prennent le dessus : nuits écourtées et hachées, déprime, tristesse, voire anxiété, culpabilité… Il est important de savoir reconnaître la dépression post-partum et le baby blues, pour avoir les bons gestes, les bons mots et la réactivité nécessaire auprès des parents ou du conjoint.
C’est quoi la dépression post-partum ?
La dépression post-partum est parfois ignorée après l’accouchement. Reconnaître ses symptômes et sensibiliser les jeunes parents sur ce sujet est une cause importante.
Définition de la dépression post-partum
La dépression post-partum, aussi appelée , est une dépression qui survient après l’accouchement. Elle arrive généralement deux à huit semaines après la naissance, mais elle peut se manifester à tout moment et tout au long de l’année suivant la naissance du bébé. Le taux de dépression postnatale est, de manière générale, plus élevé trois mois après l’accouchement et diminue graduellement par la suite.
La dépression post-partum touche de 15 à 20 % des nouvelles mères. De ce nombre, environ 7 % présenteront des symptômes importants de dépression, caractérisée souvent par une anxiété intense, au cours des trois premiers mois après la naissance ; et 19 %, des symptômes légers ou modérés.
Le nombre de mères présentant des symptômes dépressifs (dépression post-partum, baisse de moral ou baby-blues) atteint un sommet pendant la période trois à six mois après l’accouchement (environ 41 %). Durant la période post-partum, les signes de fatigue peuvent être confondus avec des symptômes dépressifs.
La différence entre la dépression post-partum et le baby-blues
Quelques jours après la naissance, la majorité des mères traverse une période de déprime post-partum qu’on appelle » baby blues « . C’est une réaction causée par tous les changements physiques, hormonaux et psychologiques liés à l’accouchement.
La mère peut alors :
- se mettre à pleurer « sans raison »,
- avoir des crises de larmes,
- avoir des pics d’irritabilité,
- se sentir dépassée par les événements,
- perdre ses repères et sa confiance en elle.
Le baby blues peut durer quelques heures ou quelques jours. En général, les symptômes disparaissent tous seuls. Pour autant, le conjoint ou l’entourage peuvent apporter soutien et réconfort. Si les symptômes durent plus de deux semaines, il faut en parler à un professionnel de santé, comme son médecin ou sa sage-femme. C’est peut-être une dépression post-partum.
La dépression post-partum est plus grave que le baby blues et nécessite des soins.
Les risques d’une dépression post-partum
Cette dépression après l’accouchement est associée à une tristesse intense et inexpliquée, une labilité émotionnelle, des troubles du sommeil, des croyances négatives avec un sentiment de culpabilité, une perte d’intérêt pour le nourrisson, une dépréciation de ses compétences maternelles, voire des idées suicidaires. Ce qui doit alerter c’est l’intensité et la sévérité des manifestations.
Attention aux formes atypiques, la patiente pouvant se retrancher derrière le « J’ai tout pour être heureuse ». Il faut rechercher la dépression du post-partum du fait du risque suicidaire élevé qui fait du suicide la 2e cause de mortalité du post-partum. L’enquête nationale périnatale (ENP 2021) indique que parmi les femmes ayant accouché 2 mois plus tôt, environ 1 sur 20 a des idées suicidaires.
D’où vient la dépression post-partum ?
Les spécialistes s’entendent pour dire qu’il n’existe pas de cause unique à la dépression postnatale, mais plutôt une combinaison de facteurs qui peuvent tous jouer un rôle dans son déclenchement et son maintien.
La dépression post-partum peut ainsi s’expliquer en partie par des causes physiologiques (ex. : changements hormonaux, manque de sommeil, épuisement), mais elle peut aussi être déclenchée par les énormes changements de vie provoqués par l’arrivée du bébé. Elle est également causée par le fait que la mère se sente dépassée, voire submergée, par les contraintes et par un manque d’équilibre entre les tâches et les activités agréables.
L’arrivée d’un enfant, surtout le premier, amène la mère à adopter un nouveau rôle, ce qui implique un réaménagement important de son identité. Ce changement provoque souvent un retour vers son enfance et une réflexion sur sa relation avec sa propre mère, ce qui peut être source de grands bouleversements intérieurs. En plus, l’arrivée d’un enfant peut être synonyme de certains deuils : deuil de la vie d’avant, deuil de l’enfant idéal et deuil de la maternité idéalisée.
Par ailleurs, la venue d’un enfant est parfois porteuse de grandes attentes, comme réunifier un couple fragile, réparer l’estime de soi d’une mère vulnérable ou combler une carence affective. Dans de tels cas, l’arrivée de l’enfant est parfois décevante durant les premières semaines et suscite d’importants sentiments dépressifs.
De quoi vient la dépression post-partum ?
Des nombreux facteurs de risque de dépression du post-partum ont été identifiés. selon différentes catégories :
Facteurs psychiatriques de la dépression post-partum Des facteurs psychiatriques tels que :
- Antécédents personnels de dépression du post-partum ;
- troubles de l’humeur ;
- antécédents psychiatriques personnels ou familiaux ;
- dépression ou anxiété pendant la grossesse ;
- psychotraumatisme lié à l’accouchement ;
- événements négatifs pendant la grossesse ;
- deuil périnatal.
Facteurs socio-économiques de la dépression post-partum
- Conflits conjugaux ;
- isolement social ;
- précarité sociale.
Facteurs obstétricaux de la dépression post-partum
- Grossesse non désirée ;
- primiparité ;
- antécédents obstétricaux : mort in utero, malformation fœtale, interruption de grossesse, accouchement prématuré, etc. ;
- grossesse pathologique ;
- morbidités néonatales ;
- âge maternel aux extrêmes des périodes de fertilité.
Les pères peuvent-ils faire une dépression post-partum ?
Près d’un père sur dix traverse une dépression pendant la grossesse ou peu après la naissance de son bébé. C’est une période de changement qui peut être bouleversante pour les pères aussi. La proportion de troubles anxieux diagnostiqués chez les pères varie de 4 à 16 % durant la grossesse et de 2 à 18 % durant la période post-partum.
Les symptômes de la dépression post-partum chez les pères peuvent être :
- Des doutes
- De la perte de confiance en soi
- Une absence d’envie de s’occuper ou de s’intéresser au bébé
- Une envie de s’absenter du domicile
- La peur d’être jugé
- Un sentiment de ne pas trouver sa place
Les parents adoptifs sont aussi à risque !
Les parents qui adoptent un enfant risquent aussi de faire une dépression à la suite de l’adoption, même si les changements hormonaux liés à l’accouchement ne sont pas présents. Plusieurs raisons peuvent expliquer une dépression post adoption :
- l’impression que l’attachement avec l’enfant ne se déroule pas comme le parent l’avait imaginé ;
- les changements provoqués par la venue de l’enfant sont plus importants que ce que le parent avait anticipé.
Quels sont les symptômes de la dépression post-partum ?
Certains parents peuvent ne pas se rendre compte qu’ils sont déprimés. D’autres peuvent ne pas oser en parler de peur de ce que leur entourage va penser d’eux. Les symptômes de la dépression post-partum varient d’une personne à l’autre. Voici les signes de la dépression post partum :
- profonde tristesse sans raison apparente ;
- pleurs fréquents et/ou inexpliqués ;
- épuisement permanent ou problèmes de sommeil (dormir trop ou pas assez) ;
- sentiment de dévalorisation ou culpabilité excessive (impression d’être un mauvais parent, difficulté à établir un lien avec son bébé) ;
- irritabilité ;
- anxiété extrême (surtout en ce qui a trait au bien-être de son enfant) ;
- incapacité à s’occuper correctement de son enfant ou refus de passer du temps avec lui ;
- si le parent est capable de s’occuper de son enfant, absence de plaisir lorsqu’il le fait ;
- désintérêt pour les activités aimées auparavant ou manque de plaisir durant celles-ci ;
- changement d’appétit ;
- sentiment que les choses ne s’amélioreront jamais ;
- tendance à s’isoler ;
- idées suicidaires .
Dépression post-partum : comment s’en sortir ?
La dépression post-partum est une maladie qui se soigne. Et comme pour la plupart des troubles, on ne la soigne pas seul. Alors si on reconnaît un ou plusieurs symptômes, mieux vaut en parler rapidement à un professionnel de santé.
Libérer la parole autour de la dépression post-partum
Beaucoup de dépressions post-partum ne sont pas identifiées et les personnes touchées ne reçoivent pas de soins. Si on a des doutes pour un proche, on n’hésite pas à lui en parler !
Si vous êtes vous-même parent, si vous rencontrez des difficultés, nous vous invitons à libérer cette parole, à échanger avec d’autres personnes dans la même situation que vous. LiQa propose par exemple des cercles de paroles pour jeunes parents. Un lieu bienveillant et sans jugement pour se retrouver
Consulter un professionnel de santé en cas de dépression post-partum
Consulter un professionnel de santé est indispensable en cas de dépression post-partum avérée. C’est une des étapes pour traverser cette période et en guérir.
On peut se tourner vers :
- sa sage-femme,
- son médecin traitant,
- le centre de PMI,
- un psychologue,
- voire l’hôpital dans une consultation de pédopsychiatrie périnatale.
On pourra recevoir une aide, du soutien, des soins. Un traitement médicamenteux sera probablement nécessaire (et adapté à l’allaitement.)Plus la dépression du post-partum est soignée tôt, plus les conséquences pourraient être évitées.
Quand faut-il consulter en urgence en cas de dépression post-partum ?
La dépression post accouchement a évidemment un impact sur la qualité de vie de la personne qui en souffre, et souvent sur sa relation de couple. Elle peut même parfois amener à une perte de goût à la vie, et dans les cas les plus extrêmes, à des pensées suicidaires.
Dans cette situation, il ne faut pas hésiter un seul à consulter en urgence ou à se rendre aux urgences psychiatriques les plus proches. La dépression post-partum est un trouble reconnu, ce n’est pas un tabou. Ne prenez aucun risque pour vous ou vos proches.
Si vous éprouvez certains de ces symptômes et que vous vous sentez en détresse, consultez un médecin ou un psychologue. Si vous craignez de vous blesser ou de blesser votre bébé, consultez rapidement un médecin ou présentez-vous à l’urgence d’un hôpital.
Pour une assistance immédiate, appelez le SAMU (15).
La dépression post-partum : ça se soigne ?
Le traitement de la dépression post-partum est possible. Tout dépend du niveau de gravité de la maladie.
Comment assurer le maintien du lien mère-enfant pendant une dépression post-natale ? Plusieurs pistes sont envisageables :
- dans le cadre du suivi par une sage-femme (de la maternité ou libérale) ;
dans le cadre d’une prise en charge par une infirmière de liaison du Réseau de psychiatrie périnatalité ;
- au sein d’unité d’hospitalisation dédiée : unité mère-enfant (UME), unité mère-bébé (UMB), unité d’accueils parents-bébés, équipes mobiles, en hospitalisation complète, en hospitalisation à domicile (HAD) ou en hospitalisation de jour.
Comment prévenir la dépression post-partum ?
Ça se joue beaucoup avant l’accouchement ! Le mieux est d’aborder la grossesse et la naissance de l’enfant le plus sereinement possible. Mais ce n’est pas toujours possible.
Quoi qu’il en soit, on prévoit de :
- Faire le point sur ce qu’on ressent avec un professionnel lors des deux entretiens prévus par l’Assurance maladie : l’entretien pré-natal précoce (vers le 4ème mois de grossesse) et l’entretien post-natal précoce (entre la 4ème et la 8ème semaine après l’accouchement).
- Participer aux séances de préparation à la naissance et à la parentalité, même si on a déjà eu un enfant.
- Se préparer à ce qui nous attend lors de la période du post-partum (bouleversements physiques pour la mère, émotionnels pour la mère et le père, …).
- Communiquer dans son couple, notamment sur la nouvelle organisation du quotidien.
- S’informer sur les besoins de bébé afin de mieux savoir comment y répondre. notamment sur son sommeil et ses pleurs.
On doit être particulièrement attentif à tout cela, pour soi-même ou son partenaire, en cas :
- d’antécédents de problèmes de santé mentale (chez soi ou dans la famille),
- de sentiment d’être seul, isolé, avec un entourage peu ou pas présent,
- ou encore de conflits familiaux, comme une séparation.
Alors si on pense être particulièrement concerné par le risque de dépression post-partum, on n’hésite pas à en parler dès la grossesse, en couple, à son entourage, ou à un professionnel de santé.
Comment vous aider à la maison ?
Tout au long de l’histoire de l’humanité, les nourrissons ont été pris en charge par l’ensemble de la communauté. « Tout le monde a besoin d’un village, et il est extrêmement important que quelqu’un prenne soin des personnes qui viennent d’accoucher pendant que celles-ci s’occupent de leur bébé. » Il est recommandé aux partenaires et aux proches d’apporter leur aide de la manière suivante :
- Assurez-vous que votre partenaire mange suffisamment et régulièrement.
- Assurez-vous que votre partenaire ait le temps de se laver.
- Faites en sorte que votre partenaire dorme suffisamment en dormant à tour de rôle.
Les mesures hygiéno-diététiques suivantes restent conseillées :
- préservation du sommeil ;
- implication du conjoint, de la conjointe ou d’un proche pour la gestion des nuits ;
- lutte contre isolement ;
- bon équilibre alimentaire ;
- maintien du zéro alcool en cas d’allaitement ;
- pratique régulière d’une activité physique adaptée.
En résumé sur la dépression post-partum
- Le baby blues est très fréquent au cours de la première semaine suivant l’accouchement, dure généralement 2 à 3 jours (jusqu’à 2 semaines), et est relativement bénin.
- La dépression post-partum survient chez 15 à 20 % des femmes et de 2 à 18 % pour les pères, elle dure plus de 2 semaines et est invalidante (contrairement au baby blues).
- Les symptômes sont semblables à ceux de la dépression majeure et peuvent également comprendre une anxiété.
- La dépression du post-partum peut entraîner des effets néfastes sur l’enfant ou un stress relationnel.
- Apprendre à toutes les femmes à reconnaître les symptômes de la dépression du post-partum et leur demander si elles ont des symptômes de dépression avant et après l’accouchement permet de prévenir les risques les plus graves
- Dépister formellement toutes les femmes à la recherche de troubles de l’humeur lors de la consultation post-partum devrait être systématiquement proposé par votre professionnel de santé.
- Pour des résultats optimaux, il faut identifier et traiter la dépression post-partum le plus tôt possible.
La dépression post natale n’est pas un tabou et touche toutes les parentalités de près ou de loin. Osez en parler autour de vous !
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